Pourquoi les Indiens d’Amérique sont foncièrement sionistes

10 janvier 2016 3 Par Eli

 

L’anti- Shlomo Sand : Ryan Bellerose, dirigeant et participant à de nombreux mouvements indiens du Canada et des Amériques explique pourquoi il est déterminant pour les causes indigènes que les droits du peuple juif soient reconnus sur sa Terre et pourquoi les Palestiniens ne sont pas légitimes à revendiquer plus que leur droit de présence de longue date.
Israël-Palestine : qui sont les Indigènes ?
Je suis un Indien Métis de la réserve de Paddle Prairie. Mon père, Mervin Bellerose a co-rédigé l’Acte des Implantations Métis, voté par la législation de l’Alberta, en 1990, qui cimente nos droits sur cette terre. J’ai fondé l’association des Canadiens Pour la Responsabilité, un groupe de défense des droits autochtones, et je suis l’un des organisateurs et participants du Mouvement Idle No More (« la passivité, c’est fini ! ») à Calgary (Alberta). Et je suis Sioniste .
Le Statut des Indigènes
Pour commencer, reconnaissons qu’il n’y a aucune loi affirmant qu’il ne peut y avoir qu’un seul peuple indigène pour une même Terre ; ce n’est pas un jeu à somme nulle, où, parce qu’un peuple peut être considéré comme indigène, alors cela voudrait dire qu’un autre ne peut pas l’être. Pourtant, il existe une ligne directrice très claire , permettant de déterminer ce qu’est un peuple indigène. C’est assez complexe, mais pourrait se résumer à l’aide-mémoire ci-dessous, tel que développé par l’anthropologue José R. Martínez-Cobo (ancien rapporteur spécial de la Sous-Commission de Prévention contre la Discrimination et de la Protection des Minorités pour les Nations-Unies).

Cette liste de critères s’est développée parce que les droits des Indigènes commencent à être respectés sur toute la planète. Cette reconnaissance est incroyablement importante, puisque, grâce à elle, en tant qu’Indigènes, nous ne pouvons pas permettre à des peuples non-Indigènes de proclamer de fausses revendications, qui, au bout du compte, porteraient préjudice à nos propres droits. De ce point de vue, Israël est le premier Etat Indigène du monde moderne  : la création et la déclaration de la nation souveraine d’Israël marque la première fois, dans toute l’histoire, où un peuple indigène est parvenu à reprendre le contrôle de ses terres ancestrales et à construire un Etat-nation. En tant que tel, il est extrêmement important, pour les peuples indigènes, à la fois de le reconnaître et de le soutenir, comme un exemple déterminant qui doit susciter l’émulation de nos peuples.
L’actuelle définition de travail de la notion de “peuple indigène” (pas la version de « Wikipédia », ni celle du Merriam Webster, toutes deux convenant bien plus aux plantes et aux animaux) pour construire des objectifs, tels que présentés dans cet essai, est celle mise au point par l’anthropologue José R. Martínez-Cobo, mentionné ci-dessus. En la prenant comme mon point d’appui, je vais donner le détail des raisons pour lesquelles les Juifs sont les Indigènes d’Israël et pourquoi les Palestiniens ne le sont pas . Les recherches de Martinez-Cobo suggèrent que les communautés, les peuples et les nations indigènes sont ceux qui, disposant d’une continuité historique avec les sociétés antérieures aux invasions et à la colonisation, qui se sont développées sur leur territoire, se considèrent de façon distincte des autres franges des sociétés qui prévalent, à présent, sur ces mêmes territoires, ou sur certaines parties d’entre eux. Ils forment, aujourd’hui, des secteurs non-dominants d’une société et sont déterminés à préserver, développer, et transmettre aux générations futures leurs territoires ancestraux et leur identité ethnique, comme le fondement de leur existence continue en tant que peuples, en concordance avec leurs propres modèles culturels, leurs institutions sociales et leur système juridique.
Cette continuité historique doit assurer la continuation, sur une période étendue, jusqu’à atteindre la période actuelle, de l’un ou plusieurs des facteurs suivants :
• L’Occupation des terres ancestrales, ou, au moins, d’une partie d’entre elles.
• Une ascendance commune avec les occupants originels de ces terres.
• La culture en général ou à travers des manifestations spécifiques (telles que la religion, le fait de vivre dans un système tribal, d’être membre d’une communauté indigène, le vêtement, les modes de vie, le style de vie, etc…)
• La langue (qu’elle soit utilisée comme la seule langue en vigueur, la langue maternelle, comme le moyen usuel de communication à la maison ou dans la famille, ou comme le langage principal, préféré, habituel, général ou normal).
• La résidence dans certaines parties du pays ou dans certaines régions du monde.
• La religion qui affirme la place déterminante des liens spirituels avec les terres ancestrales .
• La quantité de sang – qui correspond à la quantité de sang que vous portez d’un peuple spécifique qui vous permette de vous identifier à ce peuple. Ce concept a été développé par les Colonialistes dans le but de mesurer comment les peuples indigènes se reproduisent, finalement.

Regardons rapidement ce qu’il en est des Juifs . Jusqu’à quel point correspondent-ils bien à cette définition ?
• Leurs terres ont été occupées, d’abord par les Romains, puis par les Arabes, au septième siècle.
• Ils partagent une ascendance commune avec les premiers occupants, comme l’ont déterminées plusieurs études génétiques.
• On peut retrouver directement la trace de leur culture au Levant, où elle s’est développée, à travers ce qui est, aujourd’hui, connu sous le nom de « culture juive ». Alors que différentes communautés juives ont des traditions légèrement différentes, elles partagent toutes la même racine culturelle et elle demeure inchangée à travers le temps. Ils ont ressuscité leur langue traditionnelle, et bien que beaucoup parlent encore le Yiddish et le Ladino, l’Hébreu est redevenu la langue prédominante.
• Ils disposent d’un lien spirituel établi à leur terre, qui joue un rôle essentiel dans leurs traditions en tant que peuple.

En dépit de tous les arguments concernant les Juifs “européens”, ils correspondent, en fait, à tous les critères établis par Martínez-Cobo. Même si Israël est le premier état indigène moderne, il y a encore des territoires occupés par des étrangers, en Judée-Samarie. Ce sont là des terres ancestrales et, nombreux sont ceux qui sentent qu’elles devraient revenir aux peuples indigènes, au titre de l’autodétermination.
En ce qui concerne, maintenant, le revers de la médaille.
Les Palestiniens ont, ce qu’on appelle des “ droits de présence de longue date  » et, bien qu’il s’agisse de droits légitimes, ils ne prennent pas le pas sur les droits indigènes. La véritable nature de la « présence de longue date » signifie que, bien qu’ils aient vécu là depuis longtemps, ils n’ont pas le droit d’occuper des peuples indigènes ni de les contrôler.

L’argument selon lequel les Palestiniens seraient des Indigènes est inexact pour plusieurs raisons :
• Approximativement 50% des Arabes Palestiniens ne sont en mesure de remonter l’arbre généalogique de leurs ancêtres guère plus loin que jusqu’à leurs arrière-grands-parents. Beaucoup sont les descendants d’Arabes conduits jusqu’au Levant par les Britanniques, afin de construire des infrastructures après la 1ère Guerre Mondiale.
• La très vaste majorité des Palestiniens sont des Musulmans parlant arabe  ; la langue arabe est la langue indigène de la Péninsule arabique, tout comme l’est la religion musulmane. Les lieux les plus saints de la religion musulmane ne se trouvent pas au Levant, mais dans la ville de la Mecque, située dans la Péninsule arabe. Ils n’ont aucune culture spécifiquement « palestinienne », qui puisse être complètement datée comme Palestinienne avant les années 1960 ; en fait, avant cette période, la majorité s’identifiait comme habitants de la « Grande Syrie ».
• Quelques Palestiniens partagent une ascendance commune avec les peuples indigènes, mais ils n’ont jamais suivi les traditions indigènes, pas plus qu’ils ne s’identifient à ces peuples indigènes. Ils ne partagent ni religion ni langue avec eux. La quantité de sang, à elle seule, est insuffisante à transmettre le statut d’indigène.
• Les Arabes du Moyen-Orient englobent plusieurs populations indigènes, mais aucun groupe ne devient indigène au sein de peuples soumis. Ces dominants conquièrent plutôt la région toute entière et propagent leur propre langue, leurs coutumes et leur religion. Il s’agit là d’un fait historique.
Maintenant, vous pourriez vous demander pourquoi tout ceci est très important. C’est important pour les peuples indigènes, parce que nous ne pouvons pas autoriser l’argumentaire selon lequel les conquérants peuvent devenir des Indigènes. Si nous permettons, en tant que peuple indigène, que cet argumentaire devienne recevable, alors nous délégitimons nos propres droits et nous disparaîtront.
Si les conquérants peuvent devenir indigènes, alors les Européens blancs qui ont envahi mes terres ancestrales d’Amérique du Nord, pourraient, désormais, s’autoproclamer Indigènes. Les Blancs européens venus en Australie et en Nouvelle-Zélande pourraient se revendiquer comme Indigènes. Si, ne serait-ce qu’une fois, nous permettons à cet argument de devenir acceptable, les droits indigènes se trouvent brusquement dévalués et dénués de la moindre signification. Il est plutôt étrange, que ceux qui arguent des « droits indigènes » des Palestiniens sont aussi, habituellement, ceux qui ont une moindre compréhension de l’histoire et aucune compréhension de la vérité au principe des droits indigènes.
Si vous êtes confrontés à l’argument disant que les conquérants pourraient eux-mêmes devenir des indigènes dans une région, en vertu des droits de la conquête, mettez donc cet article sous le nez de ceux qui l’affirment, et aidez-les à comprendre, non seulement, pourquoi cet argument est une contrefaçon, mais pourquoi il est aussi dangereux pour tous les peuples indigènes, où que ce soit.
Par : Ryan Bellerose 9 janvier 2014